L’Assoce Verte, association de protection de l’environnement des 3 frontières, organisait samedi 2 mars la Nuit du loup à la maison des pêcheurs à l’étang du Quakely (Boulevard d’Alsace) à Village-neuf. Ce rendez-vous exceptionnel s’inscrit naturellement dans les actions menées par l’association afin de permettre une meilleure information et des échanges sur des sujets d’actualité. Après le nucléaire et la pollution de l’eau, les projecteurs seront braqués sur le plus emblématique des mammifères français : le loup.
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Photo Thierry et Marie-Andrée Bécret
PROGRAMME
18h Conférence par Thomas Pfeiffer »Le retour du loup en France et en Alsace : de sa réalité biologique à son inscription historique »
Cet invité exceptionnel est spécialiste des relations homme-loup à travers l’histoire et prépare une thèse de doctorat sur le concept d’animal nuisible lié au loup et au lynx dans les montagnes françaises à l’époque moderne. Il est auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet.
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18h Activités pour enfants
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18h30 et 19h30 Balades contées par Annette Schindler
Souvent il fait peur, il fait rire, le loup des contes. Mais il peut aussi nous inviter sur des chemins plus sensibles et plus mystérieux lorsque la conteuse nous invite à dresser l’oreille pour entendre l’appel du loup au fond des bois, au fond des cœurs. C’est un appel à la liberté, à la vie, au renouveau, c’est l’appel du printemps … D’étape en étape, à la lueur d’un faible quartier de lune et dans les derniers frimas de l’hiver, la balade contée sur les traces du loup nous fera vivre de riches moments d’émotion.
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20h Conférence par Emmanuel Crétin « Le Retour du Loup : Cohabitation grands prédateurs et pastoralisme »
Ce membre de la mission nationale loup est aussi porte-parole du collectif grands prédateurs lynx et loups – Groupe Naturaliste de Franche-Comté/Mission Loup de France Nature Environnement)
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Petite restauration sur place
Photo Thierry et Marie-Andrée Bécret
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Rappelons que les loups sont connus en Europe depuis 2 millions d’années avec l’espèce Canis etruscus. Le loup gris actuel Canis lupus apparaît en France il y a 400 000 ans. L’homme de Néanderthal émerge il y a 250 000 ans, et notre espèce Homo sapiens colonise l’Europe il y a 50 000 ans. Nous cohabitons alors avec les loups depuis des dizaines de milliers d’années.
Pourchassé jusqu’à disparaître dans les années 1930
Les premiers conflits apparaissent probablement avec l’agriculture et l’élevage du bétail il y a environ 8 000 ans. Au 18ème siècle, le loup est encore présent dans l’ensemble de la France avec une population estimée entre 3000 et 7000 individus (2). Abondamment détruit, son déclin est progressif jusqu’à disparaître de notre pays en 1939.
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Revenu naturellement dans les années 1990
A partir d’une petite population ayant subsisté dans le centre de l’Italie, le loup désormais protégé regagne peu à peu les Alpes du sud italiennes dans les années 1980, favorisé par la reforestation et les lâchers de gibier pour la chasse. Il réapparaît côté français en 1992 dans les Alpes-Maritimes.
Vingt ans donc pendant lesquels les rumeurs, les erreurs et les contre-vérités les plus grossières ont été colportées par certains des responsables du monde agricole et des chasseurs mais aussi par certains élus locaux ou nationaux.
Une répartition réduite à presque rien
Le loup était autrefois présent dans tout l’hémisphère nord, y compris toute la France avant son extermination. Actuellement dans notre pays, il n’est revenu que dans 0,5% de sa répartition originelle, principalement dans le sud-est, les Alpes et les pré-Alpes. Quelques loups sont identifiés dans le Jura suisse et les Vosges, le Massif Central et les Pyrénées.
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Une réinstallation plus lente que nature
Après 20 ans de recolonisation naturelle en France, sa population en 2013 est estimée à 250 individus, soit environ 5% de l’effectif existant au début de l’ère industrielle. L’espèce se trouve encore en phase d’expansion géographique, et donc démographique. Sa croissance naturelle devrait être de 20 à 30% par an dans ce contexte de réinstallation, mais elle n’est que de 10 à 15% à cause d’un taux de braconnage probablement très élevé.
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Une espèce sociale et territoriale
Les loups vivent en groupes sociaux appelés » meutes » dans lesquels seul le couple dominant se reproduit. En France, une meute compte en moyenne 4 à 5 loups, exceptionnellement jusqu’à une dizaine. La meute vit sur un territoire dont la superficie varie selon l’abondance et la répartition des proies : 200 à 300 km2 dans les Alpes. A l’âge de 2 à 4 ans, les jeunes quittent le groupe à la recherche d’un nouveau territoire.
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Photo Thierry et Marie-Andrée Bécret